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Portrait de Jean-Pierre Sylvestre

Cette année marque le 30e anniversaire de fondation de l’Auto Show de Gatineau!  C’est le legs que Jean-Pierre Sylvestre laissa à Gatineau, aux circuits des expositions automobiles et des voitures anciennes de l’est du Canada et du nord-ouest des États-Unis et à la communauté qui y gravite.   Des festivaliers et des voitures, M. Sylvestre et ses bénévoles en ont vu.  Lors de la plus grosse édition, il y avait tout juste en dessous de 600 voitures exposées!  Un exploit dont M. Sylvestre est très fier!

Peu de choses chez Jean-Pierre Sylvestre laissaient présager qu’il deviendrait figure de proue du milieu des voitures anciennes. Plus jeune, il y a bien eu les moments passés avec Serge, son ami d’enfance, à regarder les autos en provenance des États-Unis passer devant la maison familiale de Ste-Martine.  Il y a eu les histoires de ses oncles, de bons compteurs, au sujet de leur travail de chauffeur de voiture de luxe pour des familles bien nanties qu’il écoutait avec intérêt quand il était jeune.  Il y a eu plusieurs Renaults.  Plusieurs, surtout parce qu’il s’était déniché un emploi à la Banque du Canada pour la région de Montréal et que le trajet aller-retour Montréal-Ste-Martine faisait vite monter le compteur.  Sur sa liste de Renaults, il y a eu les modèles 8S; 12; et 15 en plus d’une 10 avec laquelle il a fait du rallye allant jusqu’a gagné des trophées lors de la saison 1967.  M. Sylvestre aurait bien aimé avoir une Renault Gordini à cette époque.  Il avoue que ce modèle le fascinait, mais dû à leur rareté, leur prix et à ses priorités de jeune papa, il n’a jamais pu s’en procurer une.  Mais un autre type de voiture le fascinait aussi, les décapotables et les roadsters en particulier.  Sa première sera une Fiat 124 Spyder 1974.  Elle sera suivie de trois Miatas et d’une Z4.  Il y aura aussi une Mustang décapotable du milieu des années ‘60, mais nous y reviendrons!

M. Sylvestre a toujours été impliqué dans son milieu. Il s’engage dans les associations étudiantes; il a mis sur pied une radio étudiante à Beauharnois, ce qu’il l’a amené à devenir annonceur à CFLV, la radio de Valleyfield. Il commence aussi à s’intéresser aux courses de régates à cause du festival international dans cette ville. C’est une mutation reliée à son travail qui mène M. Sylvestre et son épouse à s’établir dans le secteur Aylmer de Gatineau.  Maintenant établi, l’appel pour l’implication dans son milieu commence à intéresser M. Sylvestre à nouveau.  Fort de son expérience et de son intérêt pour les régates et la voile, le voilà qu’il s’implique avec des amis dans l’organisation des Régates de voiles d’Aylmer.  L’événement s’avère un succès auprès des propriétaires de voiliers et des plaisanciers.  De par leur nature, l’action lors de Régates de voile se passe loin du rivage et présente peu d’intérêt pour des spectateurs.  M. Sylvestre et ses amis, Graham MacInnes et Len Farrell se demandaient comment attirer plus de spectateurs.  Les trois réunis sur une des tables extérieures à la Marina leur vient l’idée d’organiser une exposition de voitures!  M. Sylvestre avait remarqué que des voitures anciennes attirent l’attention!  L’Auto Show d’Aylmer, à ses débuts avant la fusion, venait de naître!  Un autre ami de M. Sylvestre, Jacques Gervais, s’est joint à l’organisation de l’Auto Show et lui a été un fidèle allié jusqu’à son décès survenu, ironiquement, la veille d’une des éditions de l’Auto Show.  M. Sylvestre parle encore de ce destin malheureux avec beaucoup d’émotions.

 

C’est quand même surprenant qu’à l’époque de la fondation de l’Auto Show, M. Sylvestre n’eût pas de voiture classique!  Cet intérêt lui est venu au fil des rencontres qu’il a faites avec les exposants.  Lui et les autres co- organisateurs partaient plusieurs fins de semaine d’été faire le circuit des auto-shows dans l’est du Canada et le nord des États-Unis.  Ils faisaient ce pèlerinage, pour tisser des liens avec la communauté et les propriétaires de voitures, aussi pour voir ce qui se faisait ailleurs et ainsi tenter d’offrir ce qui pouvait se faire de mieux ici.  Aujourd’hui encore, bien qu’il a passé le flambeau à la tête de l’organisation de l’Auto Show, M. Sylvestre est toujours aussi heureux de partir avec ses acolytes des premières heures, Graham et Len, en « road trip » pour se rendre à des événements comme celui du Woodward Dream Cruise à Detroit.  Il chérit aussi le rêve de « faire » la Route 66 un de ces jours.

Ce n’est que cinq ans après le premier Auto Show que la piqûre de posséder une voiture classique gagne M. Sylvestre.  De plus, son amour pour les décapotables refait surface.  Pour sa retraite, il s’offre en cadeau une Mustang ’66 289 convertible bleu poudre.  De son propre aveu, il admet ne pas être un mécanicien : « La mécanique je la faisais faire aux autres.  Par contre, je suis un detailler et j’ai le souci du détail pour la restauration originale jusque dans les boulons de carrosserie. »  Si la voiture avait été assemblée à l’origine avec un boulon en acier cru non traité à un tel endroit, c’est ce qui allait être installé lors de la restauration par M. Sylvestre!  Ceci démontre la passion et la patience qui l’anime!  Il dit fièrement qu’en plus d’exposer sa Mustang restaurée à l’Auto Show, il s’est rendu à plusieurs autres expositions avec cette voiture.  Pour tisser des liens avec les autres exposants, il se faisait faire des cartes, du style des cartes de hockey, avec le pédigrée de sa voiture.  C’est connu que les passionnés de voitures se souviennent plus facilement du spécimen à quatre roues que de son propriétaire!

M. Sylvestre a aussi restauré une Ranchero ’64 dont il est aussi fier que lorsqu’il a rebâti sa Mustang ‘66. « Je l’ai acheté au Texas sans l’avoir vue avant de me rendre aux États-Unis. » M. Sylvestre a été déçu en la voyant, mais comme c’était vraiment ce qu’il cherchait, il l’a acheté.  « La carrosserie était rough, mais d’un autre côté, elle présentait l’avantage de ne pas avoir de rouille. »  L’aventure de la Ranchero s’est étirée sur plusieurs années et a coûté près de 30 000$, mais elle a été faite, une fois de plus, avec le souci du détail. Elle a été restaurée exactement comme si elle sortait de l’usine.  La seule chose qui a changé était sa couleur passant du blanc à un traitement deux couleurs (noir et rouge) la rendant plus flamboyante.  Malgré le temps et l’argent qu’il a dépensé dans sa Ranchero, M. Sylvestre l’a vendu pour 10 000$.  C’est une preuve de plus qui démontre que c’est la passion et non le profit qui motive les restaurateurs de voitures anciennes.

Dans le cas de M. Sylvestre, sa passion pour les voitures va jusqu’à avoir gardé plusieurs pièces autant de la Mustang que de la Ranchero, et ce même après plusieurs années.  Il ne veut pas s’en débarrasser tant qu’il ne trouvera pas d’autres passionnés qui restaurent ces modèles et qui en auraient besoin.  Avis aux intéressés!

 

Il a aussi partiellement restauré une Oldsmobile Ninety-Eight 1956 achetée au Michigan.  Il en avait trouvé une autre du même modèle, une « parts car ».  Il raconte qu’il a déjà eu sept voitures en même temps, toutes stationnées sur son terrain dans un quartier urbain. Parait-il que les voisins aimaient moins ça!

Au début des années 2000, au moment où M. Sylvestre était en train de travailler à retaper la grosse Olds, le prix du rechromage avait monté en flèche.  Le rechromage d’un simple couvercle de cendrier, lui, a coûté 300$.  Pour ceux qui s’en souviennent, les grosses voitures américaines de la fin des années ’50 reluisaient de moulures chromées autant à l’extérieur qu’à l’intérieur.  Sans pouvoir le faire lui-même, le coût du rechromage de sa belle Olds aurait été trop onéreux pour M. Sylvestre.  Il a donc revendu ses Oldmobiles partiellement restaurées.

On se souviendra que M. Sylvestre a été propriétaire de trois Miatas. Il n’est pas surprenant d’apprendre que M. Sylvestre est un des fondateurs du club de Miatas « Underground Miata Network », comme si être à la tête de l’organisation de l’Auto Show tous les ans ne le tenait pas assez occupé. Il avait un très bon réseau de contacts, il s’est fait connaître à travers l’Amérique du Nord dans le réseau des clubs et des distributeurs de pièces de performance de Miatas.  En 2002, il organise le Northern Exposure au Château Cartier à Aylmer. Ce fut  le plus gros rassemblement de Miatas en Amérique du Nord.  Les propriétaires d’au-delà de 500 voitures avaient participé aux différentes activités de cette fin de semaine.

Lorsqu’on demande à M. Sylvestre quels sont ses plus beaux souvenirs de l’Auto Show, il prend plusieurs secondes avant d’y répondre, tellement ses 20 ans d’implication à la tête de l’organisation lui rappellent de nombreux bons moments.  Il finit par dire que le véhicule qu’il l’a plus impressionné est la GM Futurliner aux couleurs de la compagnie de téléphonie mobile Fido.  Pour cause, seulement douze Futurliners ont été construits à la fin des années ’30.  La compagnie se servait de ces immenses véhicules pour faire la promotion de ses avancées technologiques. Fido utilisait un des rares exemplaires toujours sur la route comme véhicule promotionnel au tournant des années 2000s. Celui-ci a été restauré à Repentigny et plus tard il a été vendu pour la somme de 4M$!

La porte-parole la plus marquante d’après M. Sylvestre a été sans contredit Anick Dumontet.  « À l’époque Anick était annonceuse météo à un poste de télé local.  Les semaines qui précédaient l’Auto Show, Anick parlait de l’Auto Show à toutes ses interventions et allait même jusqu’à se déguiser pour parler de l’événement et attirer des visiteurs.  Ces années ont été parmi les meilleures pour la participation du public.  Tous les visiteurs nous en parlaient et on savait qu’elle avait fait une différence! »

À ses débuts, l’Auto Show avait un budget très limité, pour ne pas dire inexistant.  Par contre, les organisateurs tenaient à offrir des spectacles aux festivaliers en soirée.  « On privilégiait les artistes locaux ».  Pour une édition au milieu des années ’90, la mère d’une jeune chanteuse contacta les organisateurs de l’Auto Show pour lui dire que sa fille cherchait à se faire connaître. Peu de gens connaissaient la jeune chanteuse qui a foulé les planches de la scène de l’Auto Show.  M. Sylvestre dévoile finalement le nom de cette jeune fille qui a maintenant une carrière internationale.  Il s’agit de Véronic DiCaire!

M. Sylvestre tient à rappeler que l’Auto Show des vingt premières années est souvent associé à son nom, mais que cela a toujours été un travail d’équipe. Il tient à souligner l’apport de ses amis Graham et Len, bien sûr, mais principalement celui de Gilles Laroche, qui fut son acolyte, rédacteur et responsable des communications, qu’on aperçoit à la gauche de M. Sylvestre sur la photo, ainsi que de Rose Arial et Boyd Somerville à sa droite. Il y a aussi eu une vaste équipe de bénévoles qui ont été fidèles au poste avec lui pendant vingt ans.

Maintenant M. Sylvestre et son épouse ont déménagé à la campagne et après avoir été longtemps un amateur de chevaux sous le capot, il se passionne maintenant pour de vraies bêtes.  Il prend soin de 11 magnifiques chevaux miniatures sur sa fermette.

Le fondateur de l’Auto Show souhaite longue vie à l’événement et nous lui souhaitons des années de bons moments à la campagne avec ses chevaux!